Le roi de la rivière
N’étant pas particulièrement fan de la photographie d’oiseaux, le martin-pêcheur est sans doute le seul qui me motive à me lever aux aurores pour tenter de l’apercevoir. C’est certainement LE classique de la photo animalière. Son vol acrobatique et sa technique de pêche sont un véritable régal et un spectacle permanent. Et surtout, comment résister à ses couleurs étincellantes ?
Après plusieurs observations (mais aucune photo) au plan d’eau de Plobsheim, je me décide à retenter le coup à l’observatoire ornithologique de l’Illwald à Sélestat. J’avais complètement abandonné ce spot de la roselière depuis un an suite à quelques sorties infructueuses sans aucun martin-pêcheur à se mettre sous la dent (je doutais même de sa présence là-bas). Mais comme on m’avait indiqué un raccourci pour atteindre l’observatoire plutôt que faire le grand tour, je me dis qu’on va retenter le coup en cette belle matinée de Septembre. Le raccourci consiste à couper à travers un épais massif de végétation gorgée de rosée (c’est un euphémisme) et infestée de limaces. Je me souviendrai longtemps de cette première traversée humide. Arrivé à l’observatoire, quelques minutes sont nécessaires pour me sécher m’essorer et je m’aperçois que les habitués du lieu viennent avec un tablier imperméable fixé des épaules jusqu’au pieds. Indispensable lors de mon prochain passage…
Bref, pour en revenir au martin-pêcheur, très souvent, celui-ci s’entend d’abord avant de pouvoir être entr’aperçu. Et ce matin là, pas besoin d’attendre bien longtemps. Un cri strident indique sa présence et soudain, un éclair bleu jaillit au ras de l’eau et des roseaux. Comme c’était une première pour moi, je n’étais même pas certain qu’il s’agissait d’un martin. En une fraction de seconde, l’éclair bleu avait disparu. Mais à la réflexion, je me dis qu’il ne pouvait s’agir forcément que de lui…
Et 15 secondes plus tard, je suis définitivement fixé puisqu’un martin-pêcheur vient se poser sur une branche à quelques dizaines de centimètres au-dessus de la surface de l’eau, lui offrant ainsi un excellent poste d’observation pour plonger en quête d’épinoches… Et quel pêcheur ! Comme une flèche, il fend l’eau pour plonger droit sur sa proie. Et si par malheur il ressort bredouille, le coup suivant est en général quasi toujours gagnant. Le martin-pêcheur assomme ensuite le poisson en le cognant contre son perchoir, avant de l’avaler tout rond dans le sens des écailles. J’étais tellement bluffé par ce spectacle que j’en ai oublié de prendre des photos lors de ses premières plongées. Et ça défile !! Pauvres épinoches !!
Forcément, le week-end suivant j’étais donc à nouveau sur ce spot. Et ce coup-ci, c’est un couple de martins qui s’est prêté au jeu des photos. Avec notamment une scène sympa, où deux mâles se partagent le coin de pêche, avec quelques frictions. Malgré l’AF anémique du D90 quand celui-ci est couplé au TC 1.4, j’ai pu immortaliser la scène avec une petite rafale.
La fin de matinée à été l’occasion de faire d’autres belles observations, avec notamment un râle d’eau (image de droite ci-dessous). Enfin, je fais confiance à mon voisin d’affût pour l’identification. Quand je l’ai vu s’agiter en délaissant les martins pour shooter cet oiseau sortant des roseaux et poussant des cris ressemblant à ceux d’un porc (le râle d’eau hein.. pas mon voisin), je lui ai quand même demandé ce qu’il se passait : « Là, là.. C’est un râle d’eau qui sort… Ca vaut au moins 1000 photos de martin-pêcheur tellement il est difficile à observer ! » Soit !
Au final, mes photos de martins sont pour le moment encore bien loin des standards qu’on trouve sur le Net. Mais je ne désespère pas de trouver un coin encore meilleur, avec une belle proximité et surtout un fond un peu plus joli et intéressant. Un bon challenge en perspective pour 2014…