En vadrouille dans les rizières
On peut se rendre de Hanoï à la Baie d’Halong d’une traite en quelques heures. Mais ce serait dommage de passer à coté de ce que nous offre la campagne le long du trajet. Le Vietnam est le cinquième producteur mondial de riz et on comprend mieux pourquoi : les rizières s’étendent à perte de vue. Contrairement au Nord et la région de Sapa où celles-ci sont en plateau, ici, tout est plat. C’est seulement en se rapprochant de la région d’Halong que le relief est plus marqué avec ces massifs karstiques qui viennent s’élever vers le ciel -toujours aussi gris- de façon si caractéristique.
Le riz est évidemment l’aliment de base de la société vietnamienne, et à observer les villageois (enfin surtout les villageoises) dans les rizières, on se rend compte du travail colossal que cela représente. Tout se fait à la main, rien n’est mécanisé, à raison de deux récoltes par an. Des buffles aident au labour, mais en voyant que certains remplissent leurs champs d’eau à coup de seaux tirés du canal d’irrigation voisin, je me dis que je ne regarderai plus jamais mon bol de riz comme avant.
Le travail dans les rizières est en général une affaire de famille. Lors d’un décès, la personne a souvent sa sépulture dans sa parcelle (un peu surprenant de voir toutes ces tombes éparpillées un peu partout).
On s’aperçoit également que l’urbanisme galopant dans certaines régions rogne sur les cultures et il n’est pas rare de trouver des hôtels de luxe façon building perdus au milieu de nulle part.
Ce petit « séjour » dans les rizières m’a aussi permis de faire ma toute première photo de Martin-Pêcheur, complètement par hasard. Un super souvenir, forcément !
Au détour des chemins et des villages traversés, nous faisons quelques rencontres fort sympathiques, où on nous invite à prendre le thé, partager des beignets de farine de riz gluant farcis aux champignons… ou chiquer le bétel (feuille de bétel + chaux + noix d’arec) ! La première question qu’on nous pose est toujours la même : savoir si moi et ma compagne sommes mariés les intéresse au plus haut point. En répondant par la négative, on nous souhaite souvent beaucoup de prospérité de fertilité, et sachant que Madame est Chèvre et moi Cheval d’après le calendrier chinois, cela ne devrait pas poser de problème pour le mariage.
Un peu comme le quartier des 36 Guildes à Hanoï, chaque village est spécialisé dans un artisanat : travail du bois, poterie, tissage… Avec forcément toujours des entreprises familiales où, du plus jeune au plus âgé, tout le monde contribue tant qu’il le peut…
Et bien sûr, encore et toujours d’innombrables temples et pagodes, dont certaines remontent au XIIe siècle: de quoi devenir incollable sur le bouddhisme, le taoïsme ou le confucianisme. A noter dans les environs de Hanoï, la Pagode du Maître, où se tenaient les spectacles de marionnettes sur l’eau et la Pagode de l’Ouest, sise au sommet d’une colline présente une superbe collection de statues de bois de jaquier et une vue imprenable sur les environs.
Le temps passe trop vite au milieu de toutes ces rencontres plus attachantes les unes que les autres et il faut déjà se remettre en route vers notre prochaine étape : la Baie d’Halong…