La photographie selon grand-père

BoitiersDepuis des années, mon armoire renfermait deux appareils photo argentiques qui désespéraient d’avoir l’occasion de revoir la lumière du jour : un Polaroid 600 acheté 5 euros en 2009 et un Zeiss Ikon (un boitier moyen format à soufflet) hérité de mon grand-père et que je m’étais promis de refaire fonctionner un jour. Or, en Mars dernier, Franky lançait un défi aux lecteurs de son blog : ne faire que de la photo argentique pendant un mois (on avait tout de même droit à quelques exceptions, à condition de les préciser avant). L’occasion rêvée pour sortir ces boitiers de leur sommeil et leur faire prendre l’air. Le but de cet article est donc de vous faire partager mes premiers pas dans le monde de la photographie argentique.

POLAROID : THE IMPOSSIBLE PROJECT

Les derniers appareils Polaroid ont été produits en 2007, avant que la société, à l’agonie depuis l’avènement du numérique, ne mette la clef sous la porte. Elle a toutefois pu reprendre une certaine activité après restructuration, avec la commercialisation anecdotique de boitiers numériques estampillés Polaroid ainsi que de mini-imprimantes « de voyage », comme la Pogo. Les derniers films instantanés Polaroid ont été vendus en 2009, jusqu’à ce que les stocks s’épuisent, au grand dam de nombreux passionnés. Et ce sont justement des passionnés et anciens salariés qui décidèrent de racheter les machines et de relancer la production en 2010 sous le nom The Impossible Project. Problème : pour des histoires de brevets et/ou de normes anti-pollution, ils ont dû reprendre à zéro les procédés de fabrication. Du coup, ils « se cherchent » encore un peu et proposent différents types de films avec une qualité que je trouve plutôt variable et en-deça des Pola originaux : couleur, noir et blanc, développement en 15 minutes mais dans le noir complet, développement en 45 minutes à la lumière du jour… Bref, ils sont en constante recherche et amélioration de la formule. Argentique-7

Même si je reste donc un peu sur ma faim quant à la qualité du résultat obtenu, l’utilisation du Polaroid 600 est plutôt sympa : une focale fixe et une « tirette » pour déclencher, avec ce bruit si caractéristique quand le film est éjecté. Un curseur est également présent pour assombrir ou éclaircir l’image, mais je n’ai pas de noté de différence notable (problème de boitier ? films moins réactifs que les Pola originaux ?).

Je ne posterai ici qu’une seule photo, puisque je l’ai principalement utilisé pour des snapshots en famille ou entre amis. Comptez une bonne vingtaine d’euros pour un pack de 8, dispo sur le site ou chez certains revendeurs spécialisés (pas de vente en grande distribution).

ZEISS IKON 

Argentique

Photo argentique

Avec cet appareil, je n’avais qu’une seule idée en tête : arriver à le faire fonctionner après 30 ou 40 ans coincé dans sa housse. Pas pour moi, mais plutôt en guise de clin d’oeil à feu mon grand-père. Mes pensées sont d’ailleurs souvent allées vers lui, en prenant conscience que je refaisais les mêmes gestes, les mêmes calculs (d’exposition, de dosage de solutions lors du développement…) qu’il avait dû faire il y a bien longtemps, avec ce même boitier que j’ai aujourd’hui entre les mains.

Ce boitier est un moyen-format avec lequel j’utilise un film 120 qui me donnera 8 vues de 6x9cm. J’ai choisi deux marques différentes de film (Ilford HP5+ et Kodak Tri-X 400)… Mais bon… Honnêtement, quand on débute, je ne suis pas certain qu’on arrive tout de suite à apprécier les différences de rendus entre les deux. En tout cas, pour moi, c’est kif-kif…

Après une vérification sommaire, la partie mécanique du boitier semble fonctionner. En tant que débutant avec ce type d’appareil argentique, je vais vite me retrouver confronté à quelques petits soucis.

Première difficulté : calculer le temps d’exposition, puisque tout les réglages sont manuels. Pour cela, j’utilise la règle du sunny F16, une table de correspondance qui donne une indication du temps à choisir en fonction de la luminosité ambiante et de la sensibilité de la pellicule.

Deuxième difficulté : cadrer correctement. En effet, le viseur du boitier est un simple rectangle métallique. Du coup, l’angle de vision change selon qu’on tienne l’appareil très proche de l’oeil ou non. Je pense qu’il me faudra quelques rouleaux de pellicules avant d’apprivoiser complètement ce point.

Troisième difficulté : ne pas oublier de faire défiler la pellicule après chaque prise de vue, pour se caler sur la vue suivante. C’est pourtant tout bête, mais cela m’est arrivé deux fois. Damned !

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Quatrième difficulté : le développement de la pellicule. On trouve facilement les méthodes sur le Net, avec une durée des différents bains (révélateur, arrêt, fixateur) à adapter selon les produits et la dilution choisie. Aussi simple à suivre qu’une recette de cuisine (à voir si on est bon ou mauvais cuisinier). Mais avant, il faut bien sûr enrouler la pellicule sur la spire avant de mettre le tout dans la cuve, et cela dans le noir complet. Après vingt minutes (!!!) d’essais infructueux, je me rappelle qu’il y a un film papier « collé » derrière la pellicule. Et bien sûr, il faut l’enlever avant !! Pfffff…. Argentique-6

Pendant le développement, je suis vraiment impatient et un peu anxieux de voir le résultat. Et si la pellicule ressortait complètement blanche ? Ou complètement noire ? Les sources d’erreur sont si nombreuses : problème de boitier ? Erreur d’exposition ? Erreur de dilution ? De timing ?

Fébrilement, j’ouvre la cuve pour sortir la spire… Et là, quel bonheur de voir que finalement, le résultat semble bon (enfin, pour un premier essai). Tout a l’air d’avoir fonctionné… Il ne reste plus qu’à scanner les négatifs pour voir en détails le résultat final.

CONCLUSION

Une expérience enrichissante sur plusieurs points :

– d’abord un sentiment de satisfaction d’être arrivé au bout. C’est vraiment plaisant de tenir les négatifs entre ses doigts et se dire qu’on a effectué soi-même toutes les étapes de la production. Et qu’il est encore possible de faire de la photo aujourd’hui sans avoir besoin de piles ou d’électronique dans le boitier, d’objectifs motorisés, de carte mémoire, d’ordinateur (sauf si on souhaite scanner ses négatifs ensuite)….

– ensuite, une prise de conscience du luxe que nous offre le numérique aujourd’hui : calcul de l’exposition, automatismes, autofocus, rafale, stockage sur cartes mémoires, écran arrière de visualisation…. La liste est longue, et j’avais « oublié » tout l’agrément que nous offrent les boitiers modernes. A force de les utiliser au quotidien, on ne s’en rend plus compte…

– enfin, et c’est sans doute le plus important pour moi dans cette expérience : avoir pu redonner vie au boitier que mon grand-père a utilisé il y a plusieurs dizaines d’années. Du coup, ça me donne une furieuse envie d’aller fouiller dans le grenier, histoire de voir s’il est possible de retrouver les clichés qu’il a pu prendre et développer…

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Nul doute que ce Zeiss Ikon fait maintenant partie à part entière de mon équipement photo, et qu’il sera de la partie pour de nombreuses futures sorties.

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